Nicolas Crubilé devient le « coup de cœur » des Trophées du rugby amateur

Article paru dans La Dépêche du Midi le 9 décembre 2020

Tarn-et-Garonne : après une grave blessure, Nicolas Crubilé devient le « coup de cœur » des Trophées du rugby amateur.
(Texte : Laurent Lasserre)

Le trophée coup de cœur de cette deuxième édition des Trophées du rugby amateur de Tarn-et-Garonne revient au co-entraîneur de Beaumont-de-Lomagne Nicolas Crubilé, qui a su se reconstruire après une grave blessure qui l’a cloué sur un fauteuil. 

C’est l’histoire d’un gars au caractère bien trempé, à la volonté inébranlable. En 2006, Nicolas Crubilé ne se relevait pas d’une mêlée. Il est depuis sur un fauteuil roulant. Cette blessure (il ne veut pas parler d’accident), Nicolas Crubilé en a fait une force.

« Mon credo a toujours été de travailler dur pour rendre les choses possibles. Le rugby a toujours été présent dans ma vie. Je m’étais fixé une carrière de joueur jusqu’à 30 ans et ensuite d’entraîneur. La seconde est simplement arrivée un peu plus tôt. Deux mois après mon accident, j’étais déjà dans ma seconde carrière. Cette blessure m’a donné dix ans d’avance sur mon projet ; cela m’a permis de rencontrer des gens extraordinaires comme Fabien Galthié, Yannick Bru, Xavier Péméja qui m’ont ouvert leur staff, m’ont montré comment ils travaillaient. Laurent Travers a été le premier qui m’a fait rentrer dans la peau d’un entraîneur professionnel, comprendre l’exigence de ce métier. Entraîner, ce n’est pas que se mettre sur un banc de touche et lever les bras pour contester », explique celui qui avait anticipé les choses en passant ses diplômes d’entraîneurs avant même sa blessure et son brevet d’état pendant sa période de rééducation.

Photo : DDM REPRO

« Quand je parle rugby, j’oublie très vite que je suis en fauteuil. » Nicolas Crubilé, coup de cœur des Trophées du rugby amateur 2020 de Tarn-et-Garonne

La passion du ballon ovale reste intacte et Nicolas Crubilé la fait passer dans sa voix, par ses gestes : « Ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne. Il y a plein de leviers dans un match de rugby et c’est ce qui me plaît. On l’a vu dimanche avec les Français en Angleterre (défaite 19-22). Quand je parle de rugby, au bout de trois minutes je ne me souviens plus que je suis en fauteuil. J’ai essayé de faire en sorte que mes yeux deviennent plus importants que mes jambes. J’ai conscience que mon handicap peut être une difficulté sur certains points, donc à moi de tout faire pour être le meilleur sur d’autres points ».

La famille beaumontoise

La réflexion de Nicolas Crubilé sur son métier de coach va très loin : « Mes deux expériences de directeur sportif à Castelsarrasin et de consultant à Montauban, je les ai vécues comme des échecs. Je trouvais qu’on travaillait mal. C’est pourquoi j’ai créé ma structure Ovalie performance en 2015 ; j’ai pu vraiment mettre en place mes idées, ma méthodologie d’entraînement. En cinq ans j’ai entraîné 250 joueurs, animé entre 1500 et 2000 séances. Maintenant, des clubs me sollicitent ».

Au-delà de sa structure, Nicolas Crubilé est également aujourd’hui co-entraîneur à Beaumont-de-Lomagne (Fédérale 2), plus spécifiquement en charge de la conquête et de la stratégie : « Je remercie ce club. Si je suis coup de cœur aujourd’hui, c’est grâce à toutes ces personnes qui ont cru en moi. Des travaux ont été faits au stade pour moi et tout le monde a rendu les choses faciles. Aujourd’hui je me régale à Beaumont et je pense que les bons résultats de l’équipe sont le résultat de tout ça. On a réussi à rendre les choses possibles autour du travail et de l’humilité, avec un projet de jeu mais surtout un projet de groupe. À la fin de chaque match on donne un bouclier (fabriqué par un joueur) au meilleur joueur de l’équipe élu par ses coéquipiers, celui qui a le mieux représenté les valeurs de l’équipe, inscrites sur ce bouclier. La force du loup c’est la meute ; la force de la meute c’est le loup. Je dis aussi toujours dans chaque épreuve, cherche la leçon plutôt que l’ennemi ! »

« Manager un staff, un groupe, ça m’intéresse »

Petit à petit, Nicolas Crubilé essaie de construire sa carrière d’entraîneur de la façon la plus cohérente, en prenant ce qui se fait de mieux un peu partout. La suite ? « C’est compliqué d’avoir un plan de carrière dans ce métier. J’apprends ». On voit aujourd’hui que les staffs de rugby sont pléthoriques. Nicolas Crubilé, là encore, peaufine sa réflexion : « J’essaie d’avoir une vision globale sur le rugby. Le rugby est d’abord un sport de combat, basé sur la vitesse, la stratégie et le stress. Avec la bonne stratégie, tu stresses l’adversaire. Manager un staff, un groupe, ça m’intéresse. Le rugby moderne, c’est enfermer les gars dans une case avec untel spécialiste de ça, l’autre d’autre chose… C’est la réalité. Ce sera peut-être une manière de mettre un pied dans le rugby pro mais cela ne m’interdit pas d’avoir une vision globale sur mon sport ».

Son livre « Rebonds gascons » publié en février

Mi-février, Nicolas Crubilé racontera dans un livre tout son parcours et cette passion autour du ballon ovale. En trois parties « Rebonds gascons » retracera son histoire : l’histoire d’un gamin timide de la campagne qui s’épanouit dans le rugby ; la reconstruction après la blessure et sa nouvelle carrière d’entraîneur.