Article publié dans le journal SUD OUEST
du 27 décembre 2021
(texte : Romain Barucq - photo : Thibault Toulemonde)
HANDICAP ET MOBILIT֤É
« Tout me freine à venir dans le centre-ville »
« Sud Ouest » donne la parole aux personnes en situation de handicap, afin qu’elles expliquent les obstacles auxquels elles sont confrontées au quotidien. Premier parcours à Mont-de-Marsan, entre trottoirs et stationnements
Patrice Béziat a bien des choses à dire sur le centre-ville montois. C’est en fauteuil roulant, mais aussi en voiture, que nous avons suivi, l’espace d’une matinée, son quotidien, celui d’un homme de 48 ans, tétraplégique à la recherche de plus d’inclusivité. Pour Patrice Béziat, le marathon commence dès le volant de son véhicule adapté, pour trouver une place de stationnement PMR (personnes à mobilité réduite) dans le centre-ville. Et même si l’Ordre des géomètres en a recensé 300 dans les communes de Mont-de-Marsan et de Saint-Pierre-du-Mont à l’occasion de son opération Blue Parking, dans la pratique, se garer n’est pas chose aisée.
Des places mieux situées
« Certaines places ne sont pas adaptées pour sortir du véhicule. Prenez celle autour du rond-point du Sablar. Elle est en pente ! Vous m’y voyez avec mon fauteuil roulant ? », lance Patrice Béziat, par ailleurs responsable de l’Association des paralysés de France (APF) - France Handicap depuis 2019 dans le département. En poursuivant le périple en quatre roues, on constate aussi que certains automobilistes – valides eux – prennent ces places pour des arrêts minutes (notamment celle à l’angle de la rue Bastiat et Gambetta ou bien encore autour du rond-point du Donjon) ou que certaines places sont trop proches de trottoirs, qui agissent comme autant de « remparts » pour les personnes en fauteuil. « Nous ne demandons pas davantage de places, nous aimerions simplement qu’elles soient mieux situées dans l’espace urbain », explique le quadragénaire qui note, toutefois, que de nouveaux espaces ont fait leur apparition, notamment devant la place de l’hôtel de ville.
Même les places situées dans les parkings Saint-Roch ou Dulamon semblent inaccessibles pour lui. « Mon handicap ne me permet pas d’accéder jusqu’à la borne d’entrée pour lever la barrière », répond-il. Un abonnement ? « Je ne réside pas en centre-ville. Je serai donc obligé de payer un abonnement à l’année pour n’utiliser le parking que quelques jours par mois. »
« Il faut s’impliquer »
Une fois garé, les difficultés ne s’éteignent pas car, comme le constate, amèrement, Patrice Béziat « les axes accessibles aux personnes handicapées ne sont pas reliés entre eux ». Et de prendre en exemple l’avenue des Martyrs-de-la-Résistance. « L’axe est impeccable, on peut circuler facilement en fauteuil… mais pour y faire quoi ? Il aurait mieux fallu mettre de l’argent dans la rue Gambetta, l’artère commerçante, pour qu’elle soit accessible à chacun », peste-t-il. Car son message s’étend au-delà de son cas personnel. « La population est vieillissante, l’état des trottoirs concerne tout le monde. »
Pour 2022, APF - France Handicap espère pouvoir relancer, au niveau départemental, un baromètre de l’accessibilité pour les villes de plus de 5 000 habitants. À Mont-de-Marsan, à vue de nez, Patrice Béziat mettrait à peine la moyenne. « Des efforts ont été faits mais il n’y a pas de réelles cohérences et les associations aimeraient être davantage consultées en amont. » Le responsable associatif espère aussi que les personnes concernées par le handicap militeront plus encore. « Si nous voulons plus d’inclusion, il faut s’impliquer. Et arrêter de croire que ça tombe du ciel. » Le message est passé.